jeudi 29 avril 2010

Cahier d'Emmaus n°5

Sorciers !

Sorciers
Entendons-nous
Dans les formes concrètes de vie
On se retrouve
Sans lieu
Aucune aspérité matérielle
Tenus ensemble par le frémissement de la lumière
Une rêverie de la liberté distribuée
Une pratique d’irréconciliation avec les mécanismes du pouvoir
Des pratiques insurrectionnelles soutenues

Il faut sortir du travail productif comme fondement,
Dans l’affirmation de la plénitude de l’être contenu
Plus rien de l’ordre
Des gestes d’amitié qui attachent
L’amour existe
Plus (+) de métamorphose,
Plus (+) de veille sur les autres et sur les choses.
Et toujours le silence…

(merci à Josep Raffanell i Orra)


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Chantiers ouverts :

Nous avons commencé le nouvel horaire le mercredi, séance supplémentaire que j’installe en avril. Cette séance supplémentaire du mercredi est essentielle pour prendre un autre rythme et bien préparer les personnes aux enregistrements en mai.

Nous avons commencé par un cours… de tai chi ( !) donné par une des stagiaires qui le pratique tous les jours aux Buttes Chaumont ! Ce temps inattendu était incroyable car l’ensemble des personnes présentes se sont mises à suivre les mouvements avec une disponibilité déconcertante.

J’en ai profité pour rebondir. La répétition d’une phrase en tai chi et sa précision m’a aidée à faire comprendre pourquoi je tenais tout le temps à rendre de plus en plus précis les sonorités des mots et en particulier dans les poèmes de Baudelaire.

Ensuite, tout le monde a lu le poème l’étranger en même temps dans sa langue maternelle en faisant attention aux autres. L’écoute est prometteuse et le choeur que je recherche commence à apparaître d’une façon simple et évidente !

Travail en binôme pour le poème l’étranger, en français. Une des personnes posant les questions, l’autre y répondant. On a pris le temps de s’arrêter sur les difficultés de chaque personne et de pointer les sonorités qui ne sont toujours pas en place, les mêmes généralement : le J et le G sont terrible, le b à la place de P, le é à la place du i, le x imprononçable, le r avalé ou impossible à sortir, le gne dans montagne impossible à retenir… On a expérimenté la durée et le rythme de la phrase, un décorticage que les personnes semblent apprécier.

Bonjour Patrick,

Après une discussion téléphonique avec Olivier, nous trouvons cohérents de nous engager à nouveau en tant que producteur sur le projet de création Intégration(s), qui fait sens avec tout ce que nous développons actuellement, qui inscrit dans la durée notre collaboration, et permet
d'aborder un niveau de questionnement impossible sur des projets courts.
Voilà, c'est pour le cadre général qui me semblait important de clarifier au plus vite. Après, nous devons envisager ensemble (toi et nous) dans le détail les implications de cette décision, sur les moyens de financement, les modalités de suivi, le processus de création. Je te propose que nous nous voyons le 19/mars matin (sous réserve de confirmation d'Olivier) pour mettre tout à plat ensemble et dessiner le cadre d'une convention (la fameuse)...
A très vite

Roselyne

Chantiers ouverts :

Je reste très fragilisé par la perte d’une partie de la subvention d’Emmaus qui remet en question la durée de mon engagement sur une année et pour la suite. Quand la réalité vient percuter une expérience singulière…

Pourtant, l’expérience de ces trois années commence à faire apparaître d’autres possibilités d’apprentissage de la langue française qui seraient bien de poursuivre, en particulier avec l’usage du chant proprement dit et du corps (cette première expérience avec Mathias en danse était très prometteuse). De chercher une nouvelle souplesse du corps en même temps que la découverte de sonorités nouvelles pour les stagiaires.
De renforcer la poésie.
Une des choses les plus intéressantes qui se passe dans cet atelier, est d’installer la poésie comme un exercice évident pour apprendre la langue française !
Ghérasim Luca est un pilier, sa poésie amène une certaine liberté car il permet en permanence de se détacher du sens ce qui donne aux stagiaires, une sorte de désinhibition face à l’apprentissage de la langue. Cela les rend plus téméraires à expérimenter les sonorités délirantes de Luca.

Pour 2009-2010 auteurs abordés : Baudelaire, Ghérasim Luca, Cesare Pavese, Andrei Tarkovski (Le Sacrifice), Dany Laferrière (L’énigme du retour, prix Medicis 2009), Beckett, Racine, Prévert…

Une chose intéressante qui se produit également cette année, est l’apparition des traductions dans les langues maternelles des participants qui a véritablement fait faire un bond à tout le monde, pas seulement pour le sens du poème rendu compréhensible pour tous, mais par la création d’une sorte d’union dans le groupe, d’une façon de s’intéresser à l’autre –il y a une dizaine de nationalités différentes. Un nouveau rapport s’est installé soudainement entre le français et son apprentissage. Comme si, ayant laissé de la place à la voix « maternelle » la voix « en français » trouvait son chemin petit à petit.

Un élargissement s’est produit.

Faire sonner un mot comme « nuage » dans toutes les langues y compris en français éclaire ce qui se passe au juste dans cet atelier.

Une autre chose est ma persistance à faire venir des personnes dans l’atelier qui crée à chaque fois une autre écoute, un autre regard sur ce qui se passe. Donc n’hésitez pas, il reste quelques séances !
Cette ouverture est nécessaire, en particulier la présence, trop courte, de Jean-Baptiste, l’ingénieur du son. Je souhaiterais amplifier l’utilisation des captations sonores dès le début, de rendre familier le dispositif d’enregistrement plus rapidement et plus souvent.

Le déplacement vers Radio-campus, grâce à Guillaume Mahé, de l’association l’œil à l’écoute est une chance qui se répète après l’expérience à France Culture en 2008.

Pour les stagiaires, pour la qualité des enregistrements, pour les trois jours (mardi 4, 11,18 mai) à passer ensemble, avec les formateurs qui jouent le jeu en venant avec nous pour faire leur cours en même temps.

L’adhésion totale des deux structures qui m’accompagnent, Emmaus et Khiasma est primordiale et explique en partie la durée de cette expérience artistique dans une institution sociale.

Ma présence à l’AFB est devenue, je crois, naturelle, et l’ensemble de l’équipe est vraiment très bienveillante, disponible à mon égard. Une confiance s’est installée et c’est une des clés de la durée de cette expérience artistique au sein de l’institution. La volonté de sa directrice, Rose-Marie Ryan, acceptant mes propositions avec enthousiasme, a été primordiale.

Ma présence à Khiasma questionne également le lien entre un artiste et une structure artistique. Le fait de produire à nouveau le projet Intégration(s), installation de médias mélangés fin 2010, début 2011 à Khiasma, de se battre pour les financements est courageux et politiquement fort.

C’est la mode de l’artiste micro entrepreneur qui passe de structure en structure, de résidences en résidences au gré des subventions. Ce n’est pas mon histoire, j’ai toujours privilégié une sorte de compagnonnage qui crée du sens et du désir. Je revendique cette lenteur qui favorise l’expérience qui est pourtant évidente à y regarder de plus près.

Je préfère ne pas.
Je ne veux pas être contenu, je veux bricoler joyeusement, toujours entre.

Pour préparer la rencontre avec Christophe Bertossi, chercheur, responsable du programme "Migrations, Identités, Citoyenneté", Institut français des relations internationales IFRI.
je vous invite à découvrir les notes dessinées à partir de son livre les frontières de la citoyenneté en Europe (juste l'introduction) sur le lien :
http://fofana.free.fr/travauximproductifs/travauxindex.html
travail en cours.

Bonjour Patrick,

En effet les compositions sont très belles. C'est un travail réussit. J'ai cependant des problèmes pour accéder parfois au texte qui n'apparait pas toujours entier en bas de l'écran.
Après, par rapport au texte. Je suis embêté parce que ici sa fragmentation m'empêche de suivre le discours du gars. Lorsque je lis entre les lignes ce qui me semble être finalement quelque chose comme une certaine valorisation du concept de citoyenneté ("plénière", appariât plusieurs fois comme ce qui est empêché par le régime d'exclusion de l'espace démocratique)... Cela m'embête de ne pas comprendre.

A bientôt,

josep

Cher Patrick Fontana

Merci et bravo pour l'inventivité de chaque dessin et pour leur cohérence d'ensemble. C'est un très beau travail. Et le projet de l'installation promet beaucoup. Je suis impatient de la voir. Merci de me permettre de suivre votre travail. Je ne suis pas toujours là au bon moment mais cela m'intéresse toujours autant.
A bientôt. Amitiés

Jacques Rancière


L'atelier Lecture(s) de bouche(s) est un atelier de lectures de textes, de poèmes à voix haute.
En 2007-2008, L'espace Khiasma et Patrick Fontana mettent en place un atelier de lectures enregistrées en direction de migrants en apprentissage du
« Français Langue Etrangère » (FLE), à l'association Emmaüs (Atelier Formation de Base Paris 11ème).

Cet atelier devait fonctionner une année pour la création de la vidéo-performance Lecture(s) de Bouche(s) autour de la poésie de Ghérasim Luca. Il dure depuis cinq ans.

Pour 2009-2011 auteurs abordés : Baudelaire, Ghérasim Luca, Cesare Pavese, Andrei Tarkovski (Le Sacrifice), Dany Laferrière (L'énigme du retour, prix Medicis 2009), Beckett, Racine, Prévert, Baudelaire. Les sessions d'enregistrements se font à Radio Campus Paris avec l'association L'oeil à l'écoute.