jeudi 23 juin 2011

Cahiers d’Emmaus (8) 2011

Cahiers d’Emmaus (8) 2011

Charte mondiale des migrants
17 février 2011

Charte proclamée à Gorée (Sénégal) le 4 Février 2011
http://www.cimade.org/nouvelles/3097-Charte-mondiale-des-migrants-
… Les personnes migrantes doivent avoir le droit de parler et de partager leur langue maternelle, de développer et faire connaître leurs cultures et leurs coutumes traditionnelles, à l’exception de toute atteinte à l’intégrité physique et morale des personnes et dans le respect des droits humains. Les personnes migrantes doivent avoir le droit de pratiquer leurs religions et leurs cultes…


Salut Patrick,

ça a été un peu compliqué de réussir à se voir tranquille ces derniers temps et j'en suis fort désolé. Mon quotidien est bien dense avec des choses pas toujours excitantes même si le projet Khiasma porte quand même progressivement ses beaux fruits. Nous avons eu un temps de travail sur l'année 2011 avec Roselyne cette semaine pour voir comment agencer l'ensemble des choses que nous avons, les organiser et évidemment les financer.

Je suis un peu embêté avec l'option que nous avons prise pour la fin juin pour montrer ton projet. Je trouve le moment pas super et de plus on est un peu court pour trouver quelques financements qui nous manquent cruellement !J'aimerais que nous ayons un beau plateau d'invités, une belle proposition artistique et là c'est hyper serré dans les faits.De plus, ce projet vient un peu isolé en fin de saison, je sais pas mais je trouve ça dommage !

A l'automne, nous travaillons tout un cycle "Les Empires Intérieurs" autour de la question de la société hantée par le fantôme colonial et nous invitons des artistes,commissaires, chercheurs, penseurs, citoyens à faire des proposition autour de la présence de ce fantôme, de cet invisible. On sera en plein campagne électoral et je crois que "des-integrations" trouvera vraiment sa place et sa résonance dans ce cadre-ci.

Donc j'aimerais qu'on planche sur une date ultérieure en fin d'année (Empires intérieurs c'est d'octobre à décembre) pour une installation - colloque mieux préparée et plus ambitieuse. Nous devons engager bientôt des personnes en mission pour travailler sur l'automne et je pense que la présentation de ton projet et surtout l'organisation desrencontres en serait très bénéficiaire.

Dis-moi ce que tu en penses. On peut déjeuner demain midi ensemble aux Lilas si tu veux qu'on en parle

Olivier



Chantier(s) ouvert(s)

Prolongement d’un atelier qui n’en finit pas, où l’on travaille d’arrache pied la langue française en vue de s’en sortir sans sortir. Une affaire de langues et de bouches à travers le filtre de la poésie, de la littérature. Lectures à voix hautes, incertaines qui éructent les mots de Ghérasim Luca, Pavese, Beckett, Laférrière, Baudelaire, Akhmatova.


Les femmes et les hommes qui travaillent dans cet atelier forment un groupe improbable bienveillant où l’amitié naît parfois, autour d’un désir qui devient collectif, toujours vif et non identifiable à ce jour.

A la reprise de l’atelier, après Pâques, j’ai introduit une autre poésie, celle de Anna Akhmatova. Nouvelles perspectives, comment un poème peut ouvrir de nouveaux champs d’expérimentations pour le groupe. D’abord, le nouveau vocabulaire de Akhmatova en français, entraîne à ma grande surprise, une déstabilisation dans le groupe. Nouveaux mots, nouvel agencement, nouvelles images à décrypter, qui révèlent les difficultés de chacun dans son apprentissage du français.

Galina est russophone, je lui donne le soin de lire le poème en russe. Galina est très émue de pouvoir lire ce poème de la grande poétesse russe dans sa langue maternelle. Je lui demande de nous raconter en français qui est Akhmatova, sa vie, ce qu’elle fait avec difficulté, car pour beaucoup la parole en français reste difficile.

Nous lisons ensemble le poème et nous le décortiquons par la suite, sans oublier aucun mot, aucun sens. Je laisse en lecture à Galina le livre en russe et français pour qu’elle l’emmène chez elle et qu’elle prenne le temps de relire Akhmatova qu’elle aime.


S'éveiller tôt le matin
Parce que la joie étouffe,
Et regarder l'eau verte
Par le hublot de la cabine,
Ou sur le pont dans la tempête,
Blottie dans une douce fourrure,
Ecouter battre les machines,
Et ne penser à rien.
Mais attendre la rencontre
Avec celui que j'aime
Sous le sel des embruns, et sous le vent
Rajeunir d'heure en heure.

Juillet 1917. Slepniovo



Avec Guillaume Mahé, nous continuons notre collaboration. Avec la modification du planning à l’AFB cette année en trois sessions, j’ai proposé à Guillaume de pouvoir venir à Radio Campus, trois fois dans l’année à chaque fin de session. Sur la durée, le groupe (avec de nouveaux arrivants en cours d’année) prend ses marques dans le studio. Pour la deuxième session, nous avons mis en place avec Guillaume, un moment où l’on déplace la lecture et les enregistrements vers une tentative d’engager un dialogue en français avec chacun. Les réponses timides aux questions posées par Guillaume éclairent les personnalités, leurs histoires… A reprendre pour la dernière session.

Notre collaboration s’est enrichie d’un nouveau essai radiophonique, (après Baudelaire Babel en 2010, diffusé sur les ondes de Radio campus) Baudelaire Babel2 réalisé par Guillaume.

Pour la dernière session à Radio campus prévue fin juin, je continue les enregistrements de Baudelaire en introduisant un nouveau poème Les Foules, que nous enregistrerons en vietnamien toujours grâce au traducteur Phuong DANG-TRAN, et en Tigrinya par Ghenette Haile MICHAEL.

J’enregistrerais à nouveau deux ou trois poèmes de Ghérasim Luca qui est toujours aussi incroyablement reçu dans l’atelier.


Pour 2011-2012, si par chance l’atelier devait continuer, je ferai une compilation de tous les poèmes enregistrés de Luca à Emmaus et ailleurs, un travail sur Luca qui a débuté en 2005. J’ouvrirai également un nouveau projet : travailler en français et en langues maternelles des poètes étrangers traduits en français.



Cet atelier dure grâce à la détermination et au travail d’une institution sociale, l’atelier formation de base de l’association Emmaus et de sa directrice Rose-Marie Ryan et de son équipe, d’un lieu artistique, l’espace Khiasma et de son directeur Olivier Marboeuf et de son équipe, et d’un artiste, Patrick Fontana, pour inventer, ensemble, on peut le dire après quatre ans, une expérience, toujours fragile, mais certaine, dont l’installation Dés-intégration(s) rendra compte à l’automne 2011 à l’espace Khiasma.


Un passerelle tout au plus, vers une réflexion collective sur ce qui se passe aujourd’hui en France et en Europe concernant les « flux migratoires incontrôlable » qu’on nous promet et dont on devrait avoir peur.


Les prises de sons sont toujours assurés par jean-Baptiste Fave, je le remercie de son engagement avec moi depuis quatre ans, de sa patience et de sa disponibilité.

Avec les voix de :

mesdames ALBA RAMIREZ NIDIA, GALMICHE THI NGA, KACAK RAZIYE, AIZHU ZHENG, LE GAC BARIKISSOU, GREISS ISIS, HAILE MICHAEL GHENETTE, SIMAR PASCALINE, BYKOVA GALINA, GUEYE NDOUBME, KANAGARATNAM NIRANJANA,

messieurs ANTHONY JIM ROBINSON, DIDI AHMAD, JOUILLI BILEL, TOURE AHAMADA, VAN MINH AN, SABOGAL ENTRALGO CAMILO , SAIFUL ISLAM, AHANNAD FAHAD, YILDIZ MEHMET, RAFANELL I ORRA JOSEP, GANIEV ZAFAR, NGOC MINH TU


Merci aux traducteurs : M.Gobalakichenane, Tamoul
Ghenette Haile MICHAEL Tigrinya
Vietnamien Phuong DANG-TRAN
Persan Zafar Ganiev et Semùir et Anouche Azarnouche.